Pollution de l’air : les enfants les plus pauvres sont les premières victimes
L’étude publiée en janvier 2024 par la Direction de la recherche, des études, de l’évaluation et des statistiques (DREES) confirme les constats et recommandations du rapport 2022 de l’UNICEF France et du Réseau Action Climat. Les enfants les plus pauvres sont plus exposés à la pollution de l’air et affectés par ses conséquences.
En France, plus de trois enfants sur quatre respirent un air pollué
Les enfants, en raison de l’immaturité de leurs organismes et de la fréquence à laquelle ils respirent, sont plus vulnérables que les adultes face à la pollution de l’air. Cette exposition est susceptible d’entraîner de nombreuses pathologies au cours de leur vie et particulièrement durant leur première année de vie. L’étude de la Direction de la recherche, des études, de l’évaluation et des statistiques (DREES) estime que :
« 10 % des enfants concentrent l’essentiel des effets observables lors d’une augmentation de l’exposition à la pollution de l’air avant leur premier anniversaire. »
L’UNICEF France et le Réseau Action Climat ajoutent dans leur rapport De l’injustice sociale dans l’air que les conséquences de cette exposition sur la santé des enfants, ne se limitent pas seulement à des problèmes respiratoires et immunitaires, mais aussi à des pathologies telles que le diabète, l’obésité ou la dépression.
Les enfants les plus aisés et les plus pauvres sont les plus exposés
L’étude de la DREES met en avant que les enfants les plus touchés par la pollution atmosphérique sont les enfants plus pauvres et les plus aisés.
Ce constat s’explique par la localisation de leurs lieux de vie. En effet, la pollution atmosphérique la plus haute se concentre dans les villes, où les enfants des ménages les plus aisés résident souvent. D’autre part, les enfants les plus défavorisés vivent davantage dans les périphéries, les communes les plus polluées.
A taux d’exposition équivalent, les enfants les plus pauvres sont plus impactés
Parce que les populations pauvres peuvent plus difficilement se soustraire à des conditions défavorables faute de ressources suffisantes, elles sont généralement davantage exposées à la dégradation de la qualité des milieux de vie. Plusieurs études ont également montré que pendant la grossesse, l’exposition aux polluants atmosphériques était croissante avec le niveau de pauvreté. L’exposition à l’air pollué pendant la grossesse a des conséquences néfastes sur la santé des bébés à la naissance et engendre un risque plus élevé de naissance prématurée.
« Plus souvent dans un moins bon état de santé à la naissance, ils ne sont pas répartis de façon égale sur l’échelle de niveaux de vie des parents : parmi ces enfants les plus affectés, le dixième le plus modeste est 1,6 fois plus représenté que le dixième le plus aisé. »
Etude de la DREES
Selon l’étude du gouvernement, réduire ne serait-ce que de 1% l’exposition des enfants à cette pollution atmosphérique pendant leur première année de vie éviterait des milliers d’hospitalisations. Pour l’UNICEF France et Réseau Action Climat, les politiques publiques de lutte contre la pollution de l’air et de préservation de la santé des enfants doivent, pour être plus justes, mieux tenir compte de l’injustice sociale et leurs conséquences sur la santé des enfants en matière de pollution de l’air.
Nos recommandations
Face à ce constat, le Réseau Action Climat et UNICEF France proposent plusieurs solutions afin que les politiques de lutte contre la pollution de l’air agissent en faveur de l’égalité sociales, en particulier en faveur des familles les plus modestes.
Parmi ces solutions :
- Renforcer la prise en compte des enjeux sociaux dans l’élaboration des politiques de lutte contre la pollution de l’air : notamment dans les études d’impact et généraliser les évaluations ex post des impacts sociaux.
- Appliquer les exigences de justice sociale aux mesures de réduction du trafic routier : s’assurer que les bénéfices sanitaires des zones à faibles émissions (ZFE) profitent à tous ; faire bénéficier en priorité les écoles les plus exposées et les enfants les plus vulnérables des aménagements tels que les rues scolaires, etc.
- Accompagner socialement les changements de mobilité : investir dans l’offre de transport en commun ; renforcer l’accompagnement et le conseil en mobilité ; limiter au maximum le reste à charge pour les ménages les plus modestes devant s’équiper d’un nouveau véhicule faiblement émetteur, etc.
Découvrez l’ensemble des recommandations sur le site Unicef.fr