Romans-sur-Isère : “La Consultation nationale de l’UNICEF est un outil précieux pour avoir une vision claire de son territoire”
Tous les enfants, sans aucune distinction, doivent pouvoir exprimer leur opinion et être impliqués dans les processus de prise de décision. C’est un des piliers fondamentaux de la CIDE et un des moteurs de la Consultation nationale des 6-18 ans.
Projet phare de l’UNICEF France, la Consultation a été conçue pour permettre aux enfants et jeunes de s’exprimer sur l’application de leurs droits dans leur quotidien. Romans-sur-Isère fait partie des 151 Villes amies des enfants à avoir pris part à cette 6e édition. Edwige Arnaud, Adjointe déléguée à l’éducation et Romain Arnaud, Directeur Éducation et Famille de la ville témoignent.
C’est votre 2e participation à la Consultation nationale. Pourquoi avoir choisi de renouveler l’expérience ?
Notre 1ère participation a eu lieu au début de notre mandat en tant que Ville amie des droits de l’enfant, en 2020. Lors de cette première expérience, nous n’avions pas mesuré le temps et l’implication nécessaires pour que les enfants et jeunes puissent répondre aux 150 questions de la Consultation. Les résultats étaient insuffisants pour en tirer des enseignements exploitables.
Nous avons donc choisi de renouveler notre participation en mobilisant, cette fois, deux volontaires en service civique. Ces derniers se sont rendus dans les écoles, collèges, lycées, maisons de quartier, ainsi que dans toutes les structures accueillant des jeunes.
Et la différence était flagrante.
Le fait que ce soient des jeunes qui en interrogent d’autres a nettement fluidifié les partages. Les échanges de pair-à-pair fonctionnaient à merveille et ont permis d’avoir une meilleure expérience aussi bien pour les volontaires en service civique mobilisés que pour les enfants qui répondaient au questionnaire.
Pour la ville de Romans-sur-Isère, la Consultation nationale des 6/18 ans vient compléter un diagnostic que nous menons auprès des 12-25 ans, à l’aide d’un cabinet extérieur. Nous aurons ainsi deux portraits de la situation des jeunes dans notre ville qui nous permettront de refonder notre politique jeunesse.
En 2023, votre ville a participé à l’atelier « Droit à la participation ». Pouvez-vous nous en dire plus ?
Les ateliers organisés par l’UNICEF France sont toujours très enrichissants. On explore de nouvelles approches participatives, on échange avec d’autres villes amies des enfants et cela nous permet d’améliorer nos propres méthodes.
Nous avons un conseil municipal des jeunes, et ces ateliers nous donnent aussi des outils concrets pour mieux les mobiliser et les impliquer dans des projets.
À titre d’exemple, nous menons un projet de végétalisation d’une école et pour sa réussite, nous consultons les enseignants, le personnel d’entretien, mais aussi les enfants, car ils sont les premiers utilisateurs de ces espaces.
Quelles données issues des résultats de la Consultation vous ont marqué ?
Certains chiffres sont particulièrement alarmants. Par exemple, 20 % des élèves déclarent ne pas prendre trois repas par jour. C’est une donnée importante qui doit nous permettre de consolider nos actions.
50 % des jeunes disent avoir des problèmes de sommeil. C’est la moitié d’entre eux ! Et les causes sont nombreuses : stress, sentiment de tristesse, omniprésence des réseaux sociaux, etc. Ce chiffre reflète une fragilité croissante de la santé mentale de nos jeunes, liée notamment aux réseaux sociaux, au harcèlement et à la pression scolaire.
Aujourd’hui, ils s’expriment davantage sur leurs difficultés, c’est une bonne chose. C’est désormais à nous de prendre en compte leurs retours et d’adapter nos politiques.
Selon la Consultation, 11% des enfants sont confrontés à des formes de rejet social, marqué par un déni de reconnaissance et un sentiment de ne pas compter pour la société. Que vous évoque ce chiffre et que peuvent faire les villes pour y remédier ?
En tant que collectivités, notre rôle est de déployer des politiques porteuses de sens, qui favorisent l’engagement, l’autonomie, mais aussi qui préservent l’insouciance des enfants.
On a tendance à développer des actions sur d’autres domaines tels que l’alimentation. Mais il faut se rappeler que les enfants ont aussi besoin d’actions qui répondent à leur réalité, d’activités simples qui les reconnectent à leur imagination et à leur joie de vivre.
Des formations de l’UNICEF comme « Ma ville à hauteur d’enfant » l’illustrent bien. Il ne s’agit pas de laisser l’enfant réfléchir et se projeter comme un adulte, mais plutôt d’écouter son opinion et de le laisser être un enfant.
Il faut également parler des familles. Elles ont besoin d’être soutenues, car le mal-être des jeunes est souvent le reflet des difficultés rencontrées par leurs parents. L’accompagnement des familles est donc indispensable pour répondre à ces enjeux dès le plus jeune âge.
Un message à transmettre pour encourager une autre ville à participer à la Consultation de l’UNICEF ?
On encourage vivement les villes à se lancer dans cette démarche. La Consultation nationale est un outil précieux qui offre une vision claire et détaillée de son territoire.
On recommande également de recruter des volontaires en service civique pour mener ces enquêtes. Leur implication est bénéfique à plusieurs niveaux : ils créent un lien de confiance avec les jeunes interrogés, ce qui enrichit les retours, et pour eux, c’est une expérience très valorisante.
C’est une démarche gagnant-gagnant qui permet de mieux comprendre les besoins des jeunes et d’élaborer des politiques adaptées et ambitieuses pour eux.
Consultation Nationale des 6-18 ans : les résultats et recommandations