Pourquoi cette recommandation ?
Plus de trois enfants sur quatre respirent un air pollué en France selon l’Organisation Mondiale de la Santé (OMS). Cette exposition à la pollution de l’air a des effets délétères et durables sur la santé des enfants car leur organisme n’est pas encore mature.
Alors que les études scientifiques attestant de la nocivité de la pollution de l’air se multiplient et que l’on découvre régulièrement que des pathologies sont provoquées ou amplifiées par l’exposition aux polluants atmosphériques, dans un rapport publié en avril 2019, UNICEF France a interpellé le Gouvernement et les collectivités, pour qu’ils prennent les décisions qui préserveront la santé des enfants.
Les forts taux de pollution ambiante dans les villes n’épargnent pas les écoles, et plus généralement les lieux d’accueil d’enfants. En ville, les niveaux de pollution sont plus élevés avec une densité de rues plus importante, et comme ces lieux doivent être facilement accessibles, bon nombre d’entre eux se trouvent dans des emplacements qui renforcent l’exposition des enfants à une mauvaise qualité de l’air, par exemple à proximité de grands axes routiers. Dans ces cas-là, l’exposition est d’autant plus inquiétante qu’en plus d’être forte, elle est fréquente voire quotidienne : les enfants passent au moins 24 heures par semaine à l’école. La présence d’emplacements de parking et de dépose-minute juste devant l’entrée de l’école participent également à renforcer l’émission et la concentration de polluants à l’extérieur des écoles, à des horaires où les enfants sont en extérieur. Les enfants sont également soumis à un fort niveau de pollution de l’air lors de leurs activités périscolaires. Selon le Haut conseil de la famille, de l’enfance et de l’âge, 50 % des enfants pratiquent des jeux en plein-air au moins deux fois par jour d’école en semaine. Lorsque les enfants vivant en ville font du sport, ils sont bien souvent confrontés à des niveaux de pollution importants dans les infrastructures sportives qu’ils fréquentent. S’ils y passent généralement moins de temps qu’à l’école, ils sont amenés à y respirer davantage compte tenu de l’effort physique qui augmente le rythme respiratoire.
Pourquoi une Ville amie des enfants doit agir ?
La situation actuelle est grave mais n’est pas irréversible si les décisions qui s’imposent sont prises aux niveaux national et local pour réduire la pollution de l’air et l’exposition des enfants. Il est encore temps de protéger la santé des enfants qui grandissent en ville.
Les travaux menés par Santé Publique France mettent en évidence le gain de vie potentiel si des mesures sont prises pour réduire l’exposition à la pollution de l’air dans les villes. Les résultats de l’étude menée prouvent que « si l’ensemble des communes réussissait à atteindre les niveaux de PM2.5 observés dans les 5 % des communes les moins polluées de la même classe d’urbanisation, 34 000 décès pourraient être évités chaque année », ce qui équivaut à un gain moyen de neuf mois d’espérance de vie.
Cela peut se traduire par :
Rendre la ville plus respirable et accueillante et les mobilités plus durables :
- La mise en place de zones à faibles émissions doit viser l’objectif final d’abaisser la pollution en deçà des seuils réglementaires et pour cela, acter le plus tôt possible l’interdiction progressive de circuler pour les véhicules diesel et essence dans les zones urbaines denses, tout en programmant le déploiement de solutions d’accompagnement et des alternatives.
- L’obligation pour les établissements scolaires et les Autorités organisatrices de la mobilité (AOM) d’établir des plans de mobilité scolaire durables est indispensable pour garantir l’optimisation des déplacements liés aux activités scolaires, et faciliter l’organisation des familles. Les plans de mobilité scolaire peuvent amener les élus et les établissements à proposer ou faciliter des solutions telles les pédibus et vélobus.
- La régulation de la circulation routière aux abords des lieux accueillant des enfants, notamment les écoles, en les piétonnisant ou semipiétonnisant est également préconisée pour les protéger de la pollution de l’air et des autres nuisances liées au trafic automobile comme l’insécurité routière. De manière générale, la réduction de la place de la voiture en ville est souhaitable, en complément du développement des alternatives, pour améliorer la qualité de l’air.
Prendre en compte l’exposition à la pollution de l’air dans l’aménagement des espaces :
- Les formes urbaines peuvent avoir un impact sur la pollution de l’air. Pour éviter d’exposer davantage les populations, et en particulier les enfants, choisir des formes urbaines permettant la dispersion des polluants est préférable. Il en va de même pour l’architecture des bâtiments, qui peut jouer un rôle important pour mieux protéger les personnes.
- Il est important d’encourager l’utilisation des cartes stratégiques “air” déployées par les associations de surveillance de la qualité de l’air auprès des collectivités pour inclure les enjeux de pollution de l’air dans le choix des lieux d’implantation de crèches ou d’écoles.
- Enfin, il est préconisé d’éloigner les lieux de stationnement automobile (notamment les dépôts) des crèches, des écoles et des équipements de loisirs.
Accompagner et accélérer le changement de comportement :
- Généraliser l’apprentissage du vélo à l’école contribuerait à diffuser le « savoir rouler » et permettrait à la fois aux parents et aux enfants de rouler de façon plus sécurisée et sereine en ville.
- Un accompagnement financier pour la transition vers des moyens de transport durables gagnerait à être proposé par la collectivité à tous ses habitants.
- Pour assurer l’accessibilité des transports en commun aux ménages défavorisés, la généralisation de la « tarification solidaire » qui correspond à une modulation des tarifs selon les niveaux de revenus est souhaitable.
Ce qui va changer sur mon territoire
- Une moindre exposition des enfants aux polluants avec des conséquences positives sur leur santé à court, moyen et long terme.
- Des citoyens mieux informés et accompagnés aux changements de comportements en matière de déplacements.
- Des espaces publics partagés et agréables.