Pourquoi cette recommandation ?
Dans sa Consultation nationale des 6-18 ans 2018, UNICEF France s’est penché sur la façon dont les filles et les garçons perçoivent leurs droits : très tôt, les filles subissent plus de privations et souffrent plus des inégalités.
Les inégalités constatées dans la société entre les femmes et les hommes se manifestent dès l’enfance : les éléments recueillis par UNICEF France dans le cadre de sa Consultation nationale des 6-18 ans montrent que les filles sont plus touchées que les garçons pour de nombreuses privations. Elles sont par exemple moins favorisées dans l’accès au savoir, à la santé, aux relations sociales et aux loisirs (deux tiers des jeunes pratiquant une activité de loisir subventionnée sont des garçons). Les discriminations qu’elles subissent adultes émergent en fait alors qu’elles sont très jeunes.
Pourquoi une Ville amie des enfants doit agir ?
Les conditions de la socialisation et de l’apprentissage des savoirs ne sont pas forcément identiques pour les deux sexes et une partie des inégalités entre les femmes et les hommes adultes peuvent s’expliquer par l’écart initial déjà visible dans l’enfance. Si l’on tente de prévenir ces inégalités, il faut donc se donner les moyens de les évaluer de façon précise. Ensuite, au-delà des inégalités, le rapport entre les garçons et les filles est souvent marqué par des expériences de discrimination, de moqueries et de harcèlement dont on ne peut sous-estimer l’importance y compris dès l’enfance. Il importe enfin d’apprécier comment les garçons et les filles analysent eux-mêmes les relations qu’ils entretiennent entre eux. Leur semble-t-il possible de concevoir l’amitié entre un garçon et une fille ou préfère-t-ils entretenir une relation plus distante en reproduisant en cela le schéma de séparation entre les sexes, y compris dans les lieux publics prévus pour garantir la mixité ?
Des inégalités dans tous les espaces
Une fille reçoit plus qu’un garçon des injonctions sur sa tenue vestimentaire. Les reproches qu’on lui fait lui intiment qu’elle est trop féminine, trop provocante, ou au contraire qu’elle ne se conforme pas assez aux modèles féminins. Autre aspect de l’oppression qui pèse sur les filles : le harcèlement. Elles sont deux fois plus harcelées que les garçons et cela se produit dans toutes les sphères de leur existence : sur Internet, dans l’espace public ou dans les transports en commun. Dans les quartiers prioritaires, les garçons sont très présents à l’extérieur, alors que les filles sont confinées à l’espace domestique. À terme, elles finissent par délaisser l’espace public, qui devient de fait un territoire masculin.
À l’école, le constat est similaire : dans la cour de récréation, ce sont les jeux des garçons qui occupent le plus de place. Ils sont au centre alors que les filles occupent les marges. C’est un problème dont elles sont conscientes dès l’école primaire alors que les garçons ne commencent à s’interroger là-dessus qu’au collège. Ceux-ci sont plus nombreux à considérer qu’il faut une séparation entre les genres. Les garçons issus de milieux populaires sont d’ailleurs encore plus enclins que les autres à estimer que les relations entre les filles et les garçons sont problématiques.
Cela peut se traduire par :
Accès aux loisirs : faire de la place pour les activités des filles
Deux jeunes interrogés sur trois pratiquant une activité de loisir subventionnée sont des garçons. À partir de l’entrée au collège, l’accès aux équipements de loisirs se restreint pour les filles et elles deviennent rapidement invisibles dans l’espace public. L’espace particulier des loisirs fixe donc des autorisations et des interdits (ce que je peux faire, pratiquer et ne pas pratiquer) à l’adolescence. Or, le premier apprentissage de l’espace du dehors chez les jeunes femmes se fait notamment en lien avec l’accès aux loisirs.
Il faut renforcer, diversifier et donner de la place aux activités des filles. En s’assurant que les activités de loisirs subventionnées par la municipalité sont fréquentées par des filles dans les mêmes proportions que les garçons en s’assurant que l’offre proposée aux filles est aussi riche que l’offre ciblant les garçons et lutter ainsi contre le non-recours.
Construire un espace public partagé : mixité des publics, mixité des usages
L’aménagement du territoire sous l’angle du genre doit donc intégrer l’autolimitation par les femmes elles-mêmes à user librement de la ville, impact majeur de la mixité. Or, les politiques urbaines prennent très peu en compte la dimension sexuée de l’usage de l’espace public. Les politiques d’aménagement s’articulent autour de « l’habitant » : la neutralité des discours recouvre souvent une conception de l’espace répondant aux préoccupations de l’usager, homme actif. Elle répond à ses besoins de déplacement domicile/travail et à sa demande de loisirs masculins (stades de foot, boulodrome, skate park, équipements sportifs en accès libre…).
Les réponses passent par du mobilier mobile, des matières favorisant diverses pratiques, une réflexion sur l’emprise des bancs, la place de la végétalisation, la place des piétons, la place de l’éphémère et de la création citoyenne.
Un maire peut repenser les cours d’école et favoriser ainsi des jeux mixtes et non plus des activités réduites autour du terrain de foot, et repenser plus largement l’aménagement urbain.
Former les équipes municipales à repenser leur travail pédagogique en déconstruisant des pratiques genrées
Les injonctions sociétales sont dans les discours du quotidien. Les équipes d’animation sont des adultes référents qui se doivent d’être justes et équitables dans leur posture, leurs propos et leurs projets d’activités. Déconstruire ces modes de fonctionnement passe par des formations, des prises de conscience et des dynamiques de territoire. La collectivité doit être force de proposition en ce sens.
Ce qui va changer sur mon territoire
- Moins de violence dans les écoles et plus de respect entre les filles et les garçons